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"Les habitants de Cabo
Lopo Gonsalves", gravure extraite de de Marees, P., Description et récit historial du riche royaume d'or de Gunea,
Amsterdam, 1605. |
La tradition orale orungu attribue la découverte de l'île de Mandji au clan des Avandji.
Mandji est le nom myènè pour désigner l'iroko (Chlorophora excelsa). En effet il y en avaient beaucoup sur l'île, qui étaient si grands
que l'on pouvait les apercevoir
autrefois du large et qui servaient de point de repère aux navigateurs.
D'après la tradition orale, au cours de leur migration depuis
l'intérieur du
pays, les Orungu vont cohabiter avec d'autres ethnies, notamment
les Pygmées
qui seront leurs guides. Bèndjè
était le "grand
docteur" pygmée1 qui guida les Orungu jusqu'à la mer, d'où le nom
qui désigne celle-ci : Eliwa Bèndjè, c'est à dire, le lac de Bèndjè2. Il est probable que les Orungu atteignirent
la côte vers la fin du XVe siècle. Au cours de leur migration ils vont changer plusieurs
fois de nom : à l'origine
Ombèkè Mombè, ils s'auto-nommèrent après leur victoire sur les Adjumba Dondo (du verbe -dondwa : s'élever), puis furent nommer Orungu (c'est à dire, ceux qui tiennent des conciliabules).
Ils trouveront donc des Pygmées sur la côte, et également
des Adjumba (clan mpongwè) que les Mitshogo et les Kombe avaient précédé (Ayaminè-Anguilet,
2004
: 54). Les Kombe ou les Adjumba, depuis plus longtemps sur la côte et qui avaient depuis longtemps
maîtrisé les techniques de navigation les transmirent aux Orungu. Ils reprirent
cependant leur migration par la mer, vers le Nord (Guinée équatoriale) pour
fuir leurs voisins Orungu trop belliqueux (Ayaminè-Anguilet,
2004
: 54). Idem pour les Adjumba qui après avoir perdu la guerre Orungu-Adjumba,
se réfugièrent dans la région de Lambaréné.
Il faut noter que d'après les données archéologiques l'île Mandji
ainsi que tout le littoral gabonais étaient habités au moins dès le Néolithique
Récent, c'est à dire vers 500 BC3. Les traditions orales cependant ne
gardent aucune trace de ce peuplement ancien, et nous ignorons qui étaient ces
villageois.
Les Portugais furent les premiers
Européens à découvrir
l'île du
cap Lopez (île Mandji) à la fin du XVe siècle.
Située à l'embouchure du fleuve Ogooué, Port-Gentil est très tôt considérée comme
une région de contact, un carrefour, une porte d'entrée par où transitaient
les
marchandises en provenance de l'intérieur vers l'Europe, et les marchandises
en provenance d'Europe.
Le 1er juin 1862, par l'entremise du roi Denis Rapontchombo, le roi
orungu Ndébulia (1862-1865) signe avec la France, représentée par le Baron Didelot,
le traité du Cap Lopez et du
Nazaré,
qui donne à
la France le contrôle du territoire englobant
la frange littorale allant de l'Orembogange à la Pointe Liayé. En 1873, le chef Nyanguényona
céda l'île
Mandji aux Français.
Celle-ci à l'époque abritait quelques villages (Mandji, Ntchènguè, Kossou, Owangaliè, Alugubuna et Ikézè).
Les Français commencèrent à s'y installer en 1880 et y créèrent le Poste
du cap Lopez.
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"Port-Gentil - Le Poste", carte postale ancienne |
En 1886, le poste comportait 18 hangars,
une douane et deux magasins. Il végéta pendant quelques années, face
à la concurrence d'autres villes. Cependant, peu à peu des maisons de commerce
anglaises, allemandes et françaises s'installèrent (John Holt, Hatton & Cookson, Woermann, Daumas...).
En 1915, par arrêté administratif, le poste fut nommé Port-Gentil,
en hommage à Emile Gentil, gouverneur général de l'AEF.
La ville commença à se développer vers le
début des années trente.
1. Joseph Ambourouè Avaro, Un peuple
gabonais à l'aube de la colonisation : le bas Ogowe au XIXe siècle, Paris, Karthala, 1981.
2. Pierre Ayaminè-Anguilet, Les
arts et techniques bantu : le cas des Orungu, Africa,
revista do centro de estudos africanos, 22/23, Universidade de São
Paolo, 2004.
3. Bernard Clist, Gabon : 100.000 ans d'Histoire, Centre Culturel
Saint-Exupéry, Libreville, 1995.
Explorateur
intrépide, défenseur de l'idée d'une France agrandie par l'expansion
coloniale, Emile Gentil (1866-1914), entreprit la "pacification" de
l'Afrique centrale.
Diplômé de l'École navale en 1883, il est chargé
d’une mission hydrographique au Gabon entre 1890 et 1892, puis il choisit
d'intégrer l’administration coloniale.
En 1896 il est chargé d’une
mission de reconnaissance du lac Tchad. Il fonde plusieurs postes dont Fort
Crampel et Fort Lamy (N'Djaména). Il participe en 1900 à la bataille de Kousseri. En 1902 il
est nommé lieutenant-gouverneur du Congo. Hostile à la mission
Brazza en 1905, venue enquêter sur les exactions des Français à l'endroit des
populations indigènes, malmené par
la presse dans l'affaire des massacres du Congo mais innocenté par
la commission Lanessan, Gentil reste en poste et organise les quatre circonscriptions
du
Gabon, du Moyen-Congo, de l’Oubangui-Chari et du Tchad. Il quitte l’Afrique
en 1910. Il reste le premier Européen à avoir atteint le Tchad
par le sud.
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