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Paul Igamba, infirmier,
éponyme de l’hôpital de Port-Gentil
Igamba, fils de Agaya et de Ngwègoni, est né en 1857 à Osèng'Atanga. Il descend
en ligne directe des derniers rois orungu, Ombango Rogombé dit Ikinda
et Ndébulia dit Avon'Owanga. Lorsque Ndébulia signe avec les représentants
de la France, Serval et Souriau, le 1er juin 1862 le traité du Cap
Lopez et du Nazaré, qui met fin à l'indépendance des Orungu et à
leur monarchie centralisée, Igamba est âgé de 15 ans. Il est baptisé
Paul
chez les catholiques quelques années plus tard.
La très forte pression
de l'occupation que la France entreprend sur le delta de l'Ogooué
pour y asseoir sa souveraineté totale, après l'occupation
de l'Estuaire du Komo (plus au Nord, dans la région de Libreville),
ne permet pas au jeune Igamba de bénéficier d'un traitement de faveur
ni des privilèges qui, en d'autres endroits, sont reconnus aux princes.
Il est ainsi amené à quitter sans autre forme de procès, le pays orungu
pour aller gagner sa vie à Libreville nouvellement fondée.
Paul Igamba
entre dans les Douanes coloniales avec un autre Orungu, Konako,
comme matelots rameurs de Youyou, embarcation coloniale qui
assurait la liaison entre le rivage et les bateaux qui mouillaient
au large. Il quitte les Douanes quelques années après pour se faire
embaucher à l'hôpital de Libreville qui vient d'être construit. Il
est formé d'abord comme brancardier. Son dévouement et sa serviabilité
le font apprécier par les médecins militaires qui gèrent l'hôpital
et qui relèvent du Ministère de la Marine et des Colonies. Il est
alors formé sur le tas comme infirmier de l'assistance médicale indigène.
Il assume et exerce sa nouvelle fonction sans difficultés et finit
sa carrière avec le grade d'Infirmier Adjudant-chef de l'assistance
médicale indigène. Cela explique, entre autres, la dation de son nom
à l’hôpital de Port-Gentil.
Issu du clan Alombé, clan-soeur des clans
Abulya et Adisomanda, Paul Igamba aura tissé des liens très étroits
avec les clans Agalikéwa,
Aworidéla et Ayandji qui lui accorderont beaucoup de prestige et une
grande autorité morale lorsqu'il regagne Port-Gentil après sa retraite.
L'administration coloniale prendra en compte tous ces éléments pour
nommer Paul Igamba Chef de quartier à La Mosquée. Considéré comme
un grand sage, Paul Igamba jouissait d'une grande autorité et fut
très écouté. Ainsi, par exemple, le soir du 30 juin 1932, il fut le
« Sage » de la communauté à qui Ogoula
Iquaqua Djemba se confia avant
de poser le lendemain son « acte du 1er juillet 1932 » devant le Chef
de la Circonscription orungu.
Fervent catholique, il fut décoré de
la Croix de Latran en mars 1954, lors de la bénédiction de l'église
Saint Louis, en reconnaissance
de son prosélytisme. Effectivement, il joua de son influence et de
son autorité morale pour tenter de rallier les Orungu, réfractaires,
à l'église catholique. C’est lui qui accompagnait le prêtre dans ses
tournées pastorales, attirant et rassurant par sa présence, les Orungu
visités. Au-delà de sa croyance, il avait, en outre, compris que la
présence catholique profiterait aux siens, car elle devait favoriser
l’éducation des enfants orungu qui auraient ainsi plus de chance que
lui. Paul Igamba avait toujours, en effet regretté de n'avoir pas
eu une éducation classique. Preuve en est le nom qu'il a donné au
groupement d'habitations où il vivait à Libreville : "Tchèmbo
n'oga", qui veut dire "le reproche est au roi". Il exprimait ainsi son regret que les rois orungu aient toujours refusé que
les missionnaires s'installent en pays orungu, et pensait que c’était
par leur faute qu’il avait dû construire et demeurer à l’étranger
(Libreville) pour suivre "la lumière du Blanc" qu’il n’avait pas chez lui. Ainsi pour lui, le roi qui avait laissé repartir
le "minisé" (le prêtre), avait mal agi. Le nom de Tchèmbo
n'oga fut également donné au groupement d'habitation où il vécut à
son retour à Port-Gentil, au quartier Lisbonne/La Mosquée.
Paul Igamba
est décédé chez lui en 1962 à l'âge de 105 ans.
Son nom, comme dit
plus haut, fut donné à l'hôpital construit par la Caisse Nationale
de Sécurité Sociale à Port-Gentil en 1982, en
souvenir de son action dans le domaine sanitaire.
D'après une biographie
retracée par Jules Bourdès Ogouliguendé
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